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Le « nous » mis à l’épreuve

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L’énergie émanant de l’union de deux êtres a un potentiel poétique indéniable. Esther Rousseau-Morin et Sylvain Lafortune s’en emparent et dévoilent dans L’un L’autre un
« nous » universel et intemporel. Une première création conjointe pour ces artistes qui collaborent depuis plus de dix ans.

Danseur pour des compagnies de renom telles que Les Grands Ballets Canadiens, théoricien spécialiste de l’apprentissage du duo, créateur et enseignant, Sylvain a développé une expertise incontestée en travail de partenaire. Il y a quatre ans, alors qu’il commençait à explorer la dynamique de duo avec Esther, il n’imaginait pas qu’une œuvre jaillirait de leurs rencontres éparses. Diplômée de l’École de danse contemporaine de Montréal en 2007, Esther – que l’on a pu voir dans Le cri des méduses d’Alan Lake Factori(e) en mars dernier à Montréal – assiste Sylvain dans ses classes de partenaires depuis six ans.

De cet intérêt commun pour le duo est né leur désir de travailler ensemble. « Au début, on se rencontrait et on faisait une espèce d’étude, raconte Esther. On se donnait des tâches mécaniques très claires pour voir comment elles induisaient déjà une lecture dans la relation, sans même qu’on y ajoute une intention, une dramaturgie ou une narrativité. » Peu à peu, ils réalisent le potentiel poétique et artistique de ce qu’ils ont entre les mains et entament une phase de recherche plus approfondie.

Pour Sylvain, le travail de partenaire, c’est d’abord et avant tout deux corps qui échangent une force. Une force physique qui résonne dans le vocabulaire utilisé, avec des termes comme « soulever », « pousser », « tirer », « porter », mais qui dévoile rapidement une tout autre dimension. « C’est très mécanique, mais en même temps, ça parle de rapports humains : le tiraillement, l’appui, le support, explique-t-il. Ça parle d’un rapport entre deux personnes. »

Dès lors, les gestes mécaniques révèlent une poésie qui transforme leur travail de recherche en une création artistique inspirante. « Pour Sylvain et moi, il y a quelque chose de profondément touchant dans le fait de mettre deux personnes en relation. […] Juste ça dans sa simplicité, c’est parlant, c’est fort », ajoute Esther.

L’un, l’autre et nous tous

Le duo évolue dans un décor minimaliste et contraignant dans L’un L’autre. Une pastille noire au sol délimite le périmètre dans lequel ils ne se quittent pas et exposent les différentes facettes de leur relation. Une bulle dans laquelle ils s’enferment volontairement pour mettre en valeur les métaphores universelles du couple. « On est contraints, mais heureux de l’être », déclare Sylvain. La musique planante évolue lentement et plonge les danseurs dans un espace-temps indéfini, permettant aux spectateurs de s’y identifier. « Chacun va se voir ou voir quelque chose en fonction de ses propres références », poursuit-il.

Pour éviter les pièges de la narration, sans pour autant tomber dans l’abstraction totale, Esther et Sylvain dépeignent différents tableaux de la relation de couple. L’œuvre met en scène le travail, la persévérance et l’engagement permanent que demande toute union. « On ne souhaite pas commenter la relation de couple, on veut exposer une relation de deux personnes qui choisissent de se choisir tout le temps, précise Esther. Par moment, ça devient dysfonctionnel, mais ils se rechoisissent, il y a toujours cette volonté de recréer une cohérence. »

Une mise à l’épreuve du « nous » qui prendra toute son ampleur à la Cinquième Salle dès le 16 octobre, car « dans les arts vivants, une œuvre ne peut pas exister tant qu’elle n’est pas présentée au public, c’est là qu’elle prend tout son sens », affirme Sylvain.

L’un L’autre
Chorégraphiée et interprétée par Esther Rousseau-Morin et Sylvain Lafortune. À la Cinquième Salle, dans le cadre de la programmation de Danse Danse du 16 au 20 octobre 2018 à 20 h.

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